Ce printemps, Tae devient étudiante de première année au secondaire de premier cycle
(note: l'année scolaire commence en avril au Japon).
Maman: Tae, félicitations pour ton entrée au secondaire!
Tae: Merci!
Maman: Alors, c'était comment, ce premier jour au secondaire?
Tae: Les "grands de troisième année" sont gentils et c'était amusant!
(note: Tae craignait un peu l'attitude des "troisième année" envers les plus jeunes...)
Maman: Comme ça tout va bien et il n'y a rien qui te tracasse?...
Tae: Non, pas du tout. Et puis mon frère Toshi est là...
Maman: Tu es chanceuse que ton grand frère soit si gentil.
Quand maman était au secondaire, son grand frère lui disait:
"Tu dois toujours rester à plus d'un mètre de moi"...
Tae: Le grand frère de maman, tu veux dire mon oncle?
Maman: Oui, c'est ça... mais maintenant il ne dit plus de telles choses!
Tae: Ha ha! Ca c'est bien vrai!
Maman: Tu sais, ton grand frère si gentil, c'est maman qui l'a élevé!
Tae: Je sais, je sais! Merci maman...
Maman: J'adorais aller à l'école secondaire.
Parce qu'il y avait quelqu'un que j'aimais très fort. Pendant 3 ans!
(Note: le secondaire de premier cycle s'étend de la septième à la neuvième année de scolarité.)
Tae: Vraiment!?...
Maman: Je n'avais qu'à voir cet ami pour être heureuse.
Et nous étions toujours à parler des autres amis, si nous aimions une telle ou une telle autre...
Tae: Oui oui! Avec mes amies aussi on parle souvent de ça!
Maman: Bon... ça me rassure.
Ces temps-ci, quand j'entends les nouvelles qui racontent qu'un autre élève du secondaire de premier cycle s'est suicidé,
je me dis que c'est parce qu'il n'avait pas de bon ami.
Je suis certaine que quand on a un bon ami, on ne se suicide pas...
Et toi, Tae, as-tu déjà pensé au suicide?
Tae: Non, non!!
Maman: Ah, tant mieux! C'est bien ce que je croyais, d'ailleurs...
Tae: C'est parce qu'il y a encore tellement de jeux auxquels je veux jouer.
Et les Imo Yôkan (note: une friandise japonaise, composée de pâte de patate douce)...
toutes ces choses que je veux manger!...
Maman: Ha-ha-ha! Tae préfère les friandises sucrées à l'amour tendre...
Au bulletin de nouvelles, le parent d'un enfant qui s'était suicidé faisait le commentaire suivant: " Je n'avais pas conscience du fait que mon enfant songeait à se suicider." Vraiment?...
Un parent dont l'enfant se retrouve dans une situation où il se sent contraint de se suicider peut-il vraiment ne pas en être conscient? Ou bien encore, un enfant généralement gai et plein d'entrain peut-il soudainement se suicider...?
Je suis soudainement devenue inquiète, et j'ai senti le besoin d'en parler à ma fille.
Il semble que l'école soit devenue un endroit où l'on ne s'amuse plus. Moi, quand j'étais petite, c'est à l'école que je pouvais trouver ces choses que l'on n'a pas à la maison. Un piano et un projecteur cinématographique...
Aujourd'hui, on a tout à la maison. Même l'ordinateur... celui de la maison est plus récent et plus performant que celui de l'école. On n'y peut sans doute rien puisque les familles sont devenues plus affluentes que le pays couvert de dettes... La lutte contre les choses (note: le matérialisme) est perdue...
Il semble que l'école soit un lieu où l'on acquiert des connaissances. Il y a des parents qui disent des choses comme: "Contentez-vous de bien leur enseigner la matière", "Contentez-vous de bien donner les cours", "L'éducation du coeur, c'est l'affaire de la famille"...
Moi, c'est à l'école qu'on a "éduqué mon coeur". Évidemment, à la maison aussi... Mais ce ne sont pas que les professeurs qui ont "éduqué mon coeur", c'est toute l'école...
| Auteure | Yumiko Mori |
|---|---|
| Illustrations | Mizue Ogata |
| Traduction | Alain Côté |
Tous les volumes de la série Naruhodo No Mori sont disponibles sur Internet (en japonais).
Il existe également une version française et une version anglaise.
L'index de la version française se trouve à l'adresse suivante:
http://homepage3.nifty.com/Kume/naru/indexf.html
Je profite de l'occasion pour remercier les gens qui m'apportent leur support pour la publication de Naruhodo No Mori et les prie de bien vouloir continuer.
